Le nombre de poursuites pour occupation illégale de logements en Espagne a diminué de 24 % ce printemps, pour atteindre 487, même si Barcelone reste la province qui compte le plus de cas.
Squatter en Espagne
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Les poursuites pour occupation illégale de logements en Espagne ont connu deux inversements de tendance au deuxième trimestre de cette année. Après une forte hausse des cas durant les premiers mois de 2025, le nombre de nouvelles plaintes a considérablement diminué au printemps. Par ailleurs, l'Andalousie a dépassé la Catalogne en nombre de cas, même si Barcelone demeure la province la plus touchée.

Selon les données du Conseil général de la magistrature (CGPJ), les tribunaux espagnols ont enregistré 487 nouvelles plaintes pour occupation illégale de logements entre avril et juin – une baisse de 23,8 % par rapport à la même période l'année dernière et de 17,7 % par rapport au début de 2025. Il s'agit du deuxième chiffre le plus bas de ces dernières années, dépassé seulement par le nombre enregistré durant l'été 2023.

Autre changement notable révélé par les données officielles : la Catalogne n’est plus en tête du classement national des nouvelles demandes d’occupation illégale de logements, ayant été dépassée par l’Andalousie – la seule communauté autonome à avoir enregistré plus de 100 cas au deuxième trimestre.

Plus précisément, les tribunaux andalous ont enregistré 105 cas, soit 21,5 % du total national, suivis par la Catalogne (88), la Communauté valencienne (50), Madrid (33) et Murcie (32). À l'opposé, la Navarre n'a enregistré aucune cas, tandis que l'Aragon, la Cantabrie et La Rioja en ont enregistré chacune moins de dix au cours de la même période.

Cependant, si l'on rapporte le nombre de cas à la population, le classement change considérablement. Les régions présentant la plus forte incidence sont La Rioja (2,5 cas pour 100 000 habitants), les îles Baléares (2,2), Murcie (2), les Asturies (1,8) et la Castille-La Manche ainsi que les îles Canaries (1,3 chacune).

Par ailleurs, les données du CGPJ montrent que Barcelone demeure la province ayant enregistré le plus grand nombre de plaintes pour occupation illégale de logements au printemps, avec 65 des 487 cas recensés à l'échelle nationale. Viennent ensuite Málaga (45), Alicante (34), Madrid (33) et Murcie (32). Toutes les autres provinces ont enregistré moins de 30 cas durant la période analysée, tandis que Teruel, Soria, Valladolid, Lleida et Navarre sont les seules où aucune nouvelle plainte pour occupation illégale de logements n'a été déposée devant les tribunaux.

La loi exige des négociations avant toute action en justice concernant l'occupation illégale de terrains.

La forte baisse des actions en justice pour occupation illégale de logements coïncide avec l'entrée en vigueur, le 3 avril, de la loi organique 1/2025, qui introduit des mesures visant à améliorer l'efficacité du service public de la justice. En vertu de cette loi, les propriétaires dont le logement est occupé illégalement sont désormais tenus de négocier et de tenter de parvenir à un accord amiable avant d'engager une action en justice contre les occupants illégaux. Cette obligation a été confirmée par les juges des tribunaux de première instance et des tribunaux des hypothèques de Madrid, qui ont validé l'article 10 de la loi.

Le règlement stipule que les propriétaires doivent « prouver qu’une tentative de négociation préalable a été effectuée » pour satisfaire aux exigences d’admissibilité, et que cette négociation ou tentative de négociation doit être dûment documentée.

Il est en outre précisé qu'une fois que 30 jours calendaires se sont écoulés depuis que l'autre partie a reçu la demande initiale de négociation – sans qu'une réunion, un contact ou une réponse écrite n'ait eu lieu – le processus sera considéré comme terminé sans accord, permettant ainsi l'engagement de poursuites judiciaires.

De nombreux cas de squats ne sont pas signalés.

Outre l'obligation de négocier avec les squatteurs avant d'intenter une action en justice, il est important de noter que de nombreux cas ne sont pas signalés à la police ou aux tribunaux.

D'après des experts juridiques consultés par idealista/news, un nombre croissant de propriétaires victimes d'occupation illégale optent pour des solutions alternatives afin de récupérer leur logement au plus vite : soit par la négociation et un accord financier avec les squatteurs, soit en faisant appel à des sociétés spécialisées dans les expulsions. Cette tendance est particulièrement fréquente dans les cas d'inquiokupación (arrêt volontaire et délibéré du versement des loyers par les locataires), qui ne sont pas comptabilisés dans les statistiques officielles des plaintes.

En Espagne, le délai moyen d'obtention d'un jugement a atteint un niveau record, s'établissant désormais à environ 24 mois, incluant la procédure initiale et les éventuels recours devant les tribunaux provinciaux. De ce fait, de nombreux propriétaires ont de plus en plus recours à des méthodes informelles ou alternatives pour récupérer leurs biens plus rapidement.